Vente d’exploitation : EARL = exploitation individuelle ?
Les associés d’une EARL (exploitation agricole à responsabilité limitée) soumettent leurs bénéfices agricoles à l’impôt en faisant application d’un dispositif spécifique : le système de la moyenne triennale.
Pour rappel, avec ce dispositif, le bénéfice agricole pris en compte pour calculer l’impôt dû est égal à la moyenne des bénéfices de l’année d’imposition et des deux années précédentes. En pratique, le but de ce système est d’atténuer la progressivité de l’impôt pesant sur les agriculteurs en lissant le bénéfice imposable, pour éviter les variations trop importantes entre les « bonnes années » et les « mauvaises années ».
Quelques dizaines d’années plus tard, les associés décident de vendre leur exploitation agricole à un GAEC (groupement agricole d’exploitation en commun).
Une vente qui attire l’attention de l’administration, qui rappelle que l’année de cession, l’excédent du bénéfice agricole sur la moyenne triennale doit être imposé au taux marginal d’imposition, ce que le couple a « visiblement » oublié.
« Non ! », contestent les associés, qui rappellent, qu’à titre exceptionnel, l’apport d’une exploitation individuelle à une société ou à un groupement dont les bénéfices sont soumis au nom de l’exploitant à l’impôt sur le revenu dans la catégorie des bénéfices agricoles ne constitue pas une « cession » au sens de la réglementation fiscale.
L’application du taux marginal n’a donc pas lieu d’être, affirme le couple, qui conteste le redressement fiscal.
« Faux ! », tranche le juge, qui rappelle qu’une EARL n’est pas une exploitation individuelle, mais une personne morale distincte de ses associés. Partant de là, il y bien eu « cession » au sens de la réglementation fiscale, entrainant l’application du taux marginal d’imposition.
Zoom sur l’exploitation agricole à responsabilité limitée (EARL)
L’EARL est une société immatriculée auprès du RCS, ce qui lui permet par conséquent d’acquérir la personnalité morale.
Elle peut comprendre entre 1 (on parle alors d’EARL unipersonnelle) et 10 associés maximum (qui sont obligatoirement des personnes physiques). Il est possible que l’un des associés de l’EARL ne soit pas, lui-même, exploitant.
Notez toutefois qu’il est impératif que les exploitants associés détiennent, ensemble, plus de 50 % du capital social de l’EARL.
La constitution d’une EARL permet à un agriculteur d’exercer seul son activité mais d’isoler son patrimoine professionnel de son patrimoine personnel.
Le capital social minimum d’une EARL est de 7 500 € et il est composé de l’ensemble des apports effectués par les associés, qui peuvent être :
- en nature (de type bien meubles ou immeubles) ; les apports en nature nécessitent en principe l’intervention d’un commissaire aux apports, chargé de les évaluer ;
- en numéraire, c’est-à-dire en argent ;
- ou en industrie, ce qui suppose que l’associé apporte son propre savoir-faire à la société.